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 shimasukaaaaaaaaaaaaaa

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Hideki
ADMINE ♛ CANADA
Hideki


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MessageSujet: shimasukaaaaaaaaaaaaaa   shimasukaaaaaaaaaaaaaa Icon_minitimeMar 4 Aoû - 23:50


KUON;

SURNOM ▬ Agent Grenadine
ÂGE ▬ 20 ans
DATE DE NAISSANCE  ▬ Un vendredi 13 octobre
SEXE  ▬ Femme
ORIENTATION  ▬ Hétérosexuelle
TAILLE  ▬ 1m58
POIDS ▬ 46kg
COULEURS DES CHEVEUX ET DES YEUX  ▬ Cheveux noirs ; Yeux lavande
PARTICULARITÉ(S)  ▬ Elle possède une cicatrice due à une sévères brûlures sur le flanc, juste en dessous du sein gauche.  
GROUPE  ▬ Okeanos
OCCUPATION  ▬ Agent de la police secrète
HABITATION  ▬ Galiea

Il était tôt, l’eau était encore sombre autour de la ville. Le jour n’était probablement pas encore tout à fait levé à la surface. La ville s’agitait sous ses lumières artificielles, Galiea ne dormait jamais. Kuon venait de pénétrer en silence dans un des nombreux immeubles de la cité, débouchant dans un hall inondé de la lumière blafarde des néons. Dans un coin face à l’entrée, un large comptoir barrait la route. Une femme au regard bouffie piquait du nez derrière le meuble en béton. Elle devait tenir la réception pendant la nuit. Elle redressa la tête au passage de la jeune fille, l’air coupable et réajusta ses lunettes sur son nez aquilin. Elle adressa un petit signe embrassé de la main auquel Kuon ne répondit pas. Ça n’avait rien de surprenant, elle n’avait jamais été de nature bavarde. Même lorsqu’elle était enfant, elle se contentait d’observer sans un mot, de ses grands yeux violet et mélancoliques.  Elle se stoppa simplement devant une porte à la droite de l’accueil. On y avait vissé une petite plaque de métal sur laquelle on pouvait lire en grosses lettres noires « Réservé au personnel », suivit de « défense d’entrer ». Un idéogramme de main présentant sa paume illustrait l’interdiction. La jeune femme se contenta de passer sa carte sur le boitier placé sur le mur à côté de l’accès. Un petit voyant vert lui signifia qu’elle était autorisée à entrer, et la porte s’ouvrit et se referma sur elle. La femme à l’entrée prit un air faussement offusqué, avant de hausser les épaules pour replonger dans sa somnolence. C’était ainsi chaque matin, elle se demandait pourquoi elle prenait la peine d’encore la saluer. Kuon ne se rendant compte de rien poursuivait sa route dans les couloirs.

La climatisation bourdonnait doucement. Pourquoi y avait-il une clim ici ? Il faisait déjà si frais. Cela donnait à l’endroit un aspect encore plus aseptisé. Frissonnant légèrement, Kuon resserra frileusement sa veste autour de sa poitrine, avalant les mètres de couloirs sans hésitation. Depuis six mois qu’elle travaillait ici, elle avait le sentiment de connaitre le building par cœur. Elle finit pas atteindre la salle de repos du personnel, dans un fond de couloir un peu à l’écart de tout. La porte était unique, comme une finalité à cet immense ruban de carrelage froid. Elle franchit la porte, prenant soin de la refermer sans faire de bruit. La pièce était de premier abord déserte. Une vieille radio crachait quelques nouvelles récentes, mais personne n’était là pour l’écouter. La jeune femme s’approcha de l’objet et l’éteignit, mettant fin au discours brouillé d’une météorologue à la voix suave. A quoi bon avoir une météo, il faisait toujours le même temps à Okeanos. Elle supposa qu’elle s’adressait surtout à ceux qui quittaient l’enceinte de la ville, et oublia presque aussitôt cette interrogation futile. Elle se dirigea vers son casier. La porte s’ouvrit dans un grincement sourd et claqua contre celle du compartiment voisin dans un bruit métallique. Sa blouse, négligemment rangée la veille se déploya jusqu’à ses pieds. La jeune femme retira son blouson et le troqua contre son vêtement de travail. Elle plaça ses lunettes de protection au sommet de son crâne et glissa une paire de gants dans la poche avant. Une fois parée, elle referma soigneusement la porte à clé et quitta la salle d’un pas rapide.


***


Le ronflement des machines collait la migraine à Kuon. Enfoncée dans son siège de bureau molletonné, elle s’entêtait sur le clavier de son ordinateur. Le même message s’affichait encore et encore sur l’écran depuis le début de la matinée. « Erreur. » Elle poussa un soupir las et réitéra l’opération. C’était anormal bien sûr, elle était censée reprogrammer une machine qui présentait des signes de dérèglement et tombait sans cesse en panne depuis la veille, mais à chaque fois qu’elle essayait d’exécuter le logiciel, le même message simple s’affichait. Derrière une vitre de plexiglass, son supérieur semblait s’impatienter. Il trépignait et son regard masqué derrière ses lunettes de plastique allaient de l’engin à Kuon, fronçant les sourcils à chaque fois qu’elle croisait son regard. La jeune femme se contentait d’hausser les épaules et continuait de pianoter sur son clavier. Ils avaient besoin de l’immense engin pour faire un test de résistance sur des matériaux. Ce retard les mettait encore plus en difficulté dans la réalisation d’un projet déjà retardé de multiple fois pas des échecs imprévus.

Elle détestait son boulot. En réalité c’était plus un apprentissage, un stage. Ses deux parents étaient scientifiques, et son frère aussi d’ailleurs. C’était tout naturel pour elle de se tourner vers le progrès pour sa futur carrière. Son père avait réussi à lui dégoter une formation dans un laboratoire de physique performant exécutant des recherches pour faciliter les productions industrielles. Pour le moment, la jeune femme n’était vouée qu’à exécuter les tâches les plus ingrates, comme batailler avec un ordinateur récalcitrant. Agacée, elle frappa le bureau du poing, grimaçant de douleur l’instant d’après.

« Erreur. Surchauffe de l’appareil. Risque de… »

Convulsivement, Kuon venait d’appuyer sur une touche pour faire disparaître le message d’erreur, comme les vingt autres qui l’avaient précédé, ne s’attendant pas à une information supplémentaire. Elle n’avait pas eu le temps de lire. Troublée, elle restera un instant immobile face à l’écran, fouillant dans sa mémoire pour essayer de se rappeler de la fin du message, sans succès. Surchauffe de l’appareil. Peut-être devait-elle en avertir son supérieur. Elle s’apprêtait à se lever quand une nouvelle fenêtre s’afficha sur l’écran.

« Redémarrage de la machine dans 30…29…28… »

La jeune scientifique laissa lentement retomber ses doigts sur le bureau, fixant obstinément le compte à rebours qui déroulaient sous ses yeux. Elle sursauta lorsqu’un coup sur la vitre face à elle fit vibrer le plastique. Son chef, l’œil sévère, lui fit signe de le rejoindre à travers le plexi. Elle acquiesça prestement et se leva, abandonnant l’ordinateur. Kuon quitta la salle des commandes, plongeant dans le bruit assourdissant de la salle d’expérimentation. Les machines tournant à plein régime émettaient des ronronnements sourds.

« Il donne quoi, ce reformatage ? Ce machin s’est mit à grogner comme une vieille gazinière tout à coup. »
Indiqua le chef de laboratoire en désignant l’engin défectueux. Il était obligé de crier pour couvrir le bruit.

« Elle va redémarrer dans quinze secondes monsieur, mais on m’a indiqué une surchauffe.
– Parle plus fort Kuon, je n’entends rien si tu marmonnes.
Lança le scientifique en se penchant pour approcher son oreille du visage de la jeune femme.
– Il y a eu un message d’erreur.
– Quoi ?

Elle inspira franchement et se mit presque à crier.
– J’ai eu plusieurs messages d’erreur dont un qui…. »

Elle ne put pas finir sa phrase, la machine s’était mis à ronfler plus fort que toutes les autres. Sur l’écran de l’ordinateur, et même si Kuon ne le voyait pas, le décompte était tombé à zéro. Le chef posa un regard suspicieux à l’engin qui vibrait soudain, tandis que les chercheurs levaient tous les yeux de leurs occupations pour chercher d’où provenait le vrombissement inhabituel. Il y eu un bruit de carlingue qui se tord, comme un prémice à quelconque catastrophe, puis une seconde durant laquelle la pièce entière sembla s’immobiliser, une fausse impression de silence tendu à t’extrême, de temps qui s’arrête jusqu’à ce que le fil ne se rompe et que tout ne reparte à une vitesse ahurissante. Avant que quiconque n’esquisse le moindre mouvement, un bruit de tonnerre fit vibrer l’immeuble entier. La vitre qui isolait la salle des commandes du reste de l’immense pièce se fendit en deux. Kuon tomba à la renverse bien malgré elle, et se fut sans doute cette misérable chute qui lui sauva la vie. Une violente déflagration s’en suivit, projetant une colonne de flammes et de débris incandescents partout dans la pièce. Un morceau de la carlingue enflammée vint percuter la jeune femme en plein flanc. Elle poussa un hurlement de douleur et roula sur le sol de béton, éjectée par le souffle de l’explosion. Elle protégea par instinct son visage des étincelles qui pleuvaient sur la pièce. Il y eut une série de détonations plus faibles. Du moins elles parurent plus faibles à la jeune femme dont les tympans avaient été bien abîmés par le fracas. Seul un bourdonnement sourd emplissait ses oreilles et un petit filet de sang coulait de l’une d’elle. Puis le silence revint. Le silence total. Seul le ronflement des flammes qui envahissaient la pièce brisait le calme qui s’était soudain installé. Kuon chercha à lever la tête, mais la douleur à l’abdomen la brisait. Chacun de ses muscles la tiraillaient. Elle luttait pour respirer, et chaque mouvement lui arrachait un gémissement. Elle parvint à rouler de côté, appuyant ses mains sur ses oreilles pour ne plus entendre ce sifflement insupportable qui lui vrillait les tympans, sans succès. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle se trouva nez à nez avec le visage calciné de son supérieur, toujours figé sur une expression de surprise pure. Le temps qu’elle réalise, elle eut un haut le cœur. Sa vision de brouilla comme pour la prémunir de ce macabre spectacle, et elle n’entendit plus rien d’autre que le bruit artificiel dans ses oreilles.


***


« L’enquête se poursuit afin de découvrir les causes de l’explosion qui a saccagé un laboratoire industriel de Galiea. Il semblerait qu’une machine ait explosée sans qu’on ne sache pourquoi. Rappelons que l’incident a fait quatre morts et une dizaine de blessés parmi les personnes présentes sur le lieu du drame. Les autorités semblent pour l’instant privilégier la thèse de l’accident. Tout de suite notre envoyé spécial sur place… »


« Tu peux éteindre s’il te plait ?
– Je suis en train de regarder, Rétorqua le gamin avec qui Kuon partageait sa chambre. Il était enfoncé dans les draps de son lit d’hôpital, sa jambe plâtrée maintenue en suspension par une lanière de tissu reliée à une potence.  
– Je suis en train de dormir. Eteins cette télé. Répéta-elle d’un ton sec.
– Non. »

La jeune femme poussa un soupir excédé. Au même instant, une infirmière entra dans la pièce et fronça les sourcils, son regard bleu passant d’un patient à l’autre.

« Un problème ? demanda-t-elle avec un sourire aimable.
– Je voudrais changer de chambre.
– Mais ce jeune homme quitte l’hôpital demain en fin de journée, vous serez plus tranquille ensuite !
Répondit-elle, prenant un air faussement embêté.
– Je veux changer maintenant, je ne le supporterais pas jusqu’à demain. S’il-vous-plait. »

L’infirmière sembla réfléchir un instant alors que le colocataire bruyant et têtu de Kuon tirait discrètement la langue à celle-ci. Finalement la femme en blanc acquiesça lentement.

« Très bien. Je vais vérifier les disponibilités. »

Sans un mot de plus, elle quitta la chambre et referma avec précaution la porte derrière elle. En guise de provocation, le garçon se saisit de la télécommande et monta le son. La jeune femme grogna et enfonça sa tête dans les plumes de l’oreiller. Elle était hospitalisée depuis trois jours déjà. Après l’explosion, elle y avait été transférée, inconsciente. Elle n’était pas gravement blessée, miraculeusement. Son corps était couvert de bandes blanches sur les membres principalement, là où les débris avaient brûlé sa peau. Cela guérirait vite, les médecins l’avaient promis. Sa blessure la plus sérieuse correspondait à l’endroit, sous le sein gauche, où un morceau de métal incandescent était venu la frapper. Fortement brûlée, sa peau ne repousserait pas.

Un peu plus tard dans l’après midi, un homme pénétra dans la chambre, annonçant qu’il allait changer Kuon de chambre. Elle le remercia avec soulagement, quittant avec bonheur ce morveux et sa télévision. Elle s’agrippa au bras qu’il lui proposait, rassemblant les quelques affaires qu’on lui avait ramenées, à savoir ce qui se trouvait dans son casier. Il la guida jusque dans une chambre voisine et lui indiqua un lit vers la fenêtre. Un autre jeune homme était installé sur le second matelas. Kuon le salua vaguement et se coucha, savourant le silence retrouvé.


***


Personne ne lui avait rendu visite depuis son admission. Sa famille vivait à l’autre bout de Galiea, et chacun de ses membres étaient très occupés. Cela n’avait pas vraiment étonné la jeune femme. En fait, elle était presque soulagée. L’après-midi de son déménagement, elle avait téléphoné à son père pour lui faire savoir qu’elle ne comptait pas retrouver à son lieu de travail après sa sortie de l’hôpital.

« Tu es sûre que tu veux tout plaquer ? Je comprend que tu sois secouée mais… C’est dommage, tu es brillante ! Plaida-t-il.
– Je ne veux vraiment pas Papa.
– Réfléchis-y plus amplement Kuon, tu es choquée, c’est normal, je te trouverais un poste ailleurs si tu veux…
– Non merci, je trouverais autre chose, un boulot où je ne mets pas en danger les gens.
La voix de Kuon se brisa..
Silence.
– Tu es fâché Papa ?
– Non.
– Dis quelque chose alors.
Murmura-t-elle, incertaine qu’il l’ai entendu à l’autre bout du fil. Il marqua une longue pause avant de toussoter, visiblement embarrassé.
– Kuon ?
– Oui ?
– Je crois qu’il est temps que tu prennes ton indépendance. Trouve toi un logement à ta sortie de l’hôpital, d’accord ?
– …D’accord Papa
. Elle se tut, la gorge trop serrée pour poursuivre. La voix de son père était devenue soudain glaciale. Embrasse Maman pour moi, je dois te laisser.
– Au revoir Kuon, rétablis toi bien.


Soupir. Elle reposa le combiné et s’enfonça dans ses draps, fixant discrètement l’autre patient de l’autre côté de la chambre. Il la regardait aussi, le visage neutre, lavé de toute expression. Quel curieux type. Il portait des bandages un peu partout, et de gros pansement masquaient en partie son visage, mais on voyait tout de suite qu’il avait les yeux vides. Kuon le fixa un long moment, avant de réaliser qu’elle le dévisageait ouvertement. Embarrassé, elle rougit légèrement et détourna la tête, contemplant plutôt la grouillante Galiea à travers la vitre.

« Tu t’appelles comment ? »

Elle sursauta. De longues secondes s’étaient écoulées, mais il avait semblé à la jeune fille qu’elle avait détourné le regard depuis des heures. Sa tête bascula mollement de l’autre côté pour le regarder à nouveau. Il l’examinait toujours.

«  Kuon. Et toi ? »

Elle le tutoya tout naturellement. Après tout, il avait fait de même, et puis il ne semblait pas beaucoup plus vieux qu’elle. Enfin peut-être un petit peu, quelques années sûrement. C’était difficile de lui donner un âge, surtout avec ses pansements.

« Suzuki Ivhaé.
– Enchantée. »


Elle n’avait rien d’autre à dire. Elle n’était jamais à l’aise dans les conversations. En fait elle n’aimait tout simplement pas parler, parce que ça lui apportait souvent plus de problème que de se taire. Un silence gêné s’installa. Kuon tripotait nerveusement l’un des pansements sur son bras, cherchant à apercevoir la peau rougie en dessous.

« Tu as quel âge ? »

Kuon leva les yeux vers l’homme, un peu dubitative.

« 17 ans. »

Elle ne lui retourna pas la question, souhaitant lui faire comprendre qu’elle n’avait pas particulièrement envie de poursuivre. Pourtant Suzuki reprit, l’air pensif.

« 17 ans… J’ai 19 ans. » Fit-il sur un ton d’évidence, un peu comme s’il se parlait à lui-même.

La jeune femme ne répondit rien. Il continua de lui poser des questions insignifiantes. Ce qu’elle faisait dans la vie, ce qu’elle aimait lire, son plat préféré, d’où elle venait, ce qu’elle aimait. Kuon se contentait de répondre aussi concisément que possible, n’écoutant que d’une oreille les questions du jeune homme et ne lui demandant jamais de lui parler de lui en retour. Ce n’était pas un interrogatoire désagréable. Il ne posait pas ses questions à la suite. Non, il laissait s’écouler de longues minutes, parfois des heures de silence, puis l’interrogeait l’air de rien, comme pour briser la quiétude médicale qui régnait ici. Cela dura plusieurs jours. Kuon finissait pas attendre la question suivante avec nervosité. La présence de Suzuki n’était pas déplaisante au final, elle meublait un peu l’ennui implacable qui pesait sur la jeune femme.


***


Kuon se frotta les yeux, bouffie de sommeil. Elle avait été réveillée par des râles dans le couloir. C’était souvent ça le matin. Les patients en souffrance poussaient des plaintes effroyables dans tout l’hôpital. Elle frissonna, écoutant les cris s’éloigner dans le couloir et s’évanouir au loin, laissant place au silence à nouveau. Il y avait bien cette agitation derrière les murs, mais c’est à peine si on la devinait. Les infirmières se faisaient discrètes, manipulant les portes avec la plus grande des précautions et marchant à pas de loup. Le calme était religieux, c’était à se demander si on ne respirait pas trop fort. Justement ce matin-là, quelque chose clochait. Seule la respiration de Kuon résonnait dans la chambre. Surprise, elle se redressa sur son lit pour fixer celui de son colocataire. Il était vide. Les draps avaient été retirés. La table de nuit était débarrassée. Il n’était plus là.

Alors qu’elle fixait obstinément le lit vide, une infirmière entra, poussant devant elle un lourd chariot. Elle fit halte près de lit de la jeune femme.

« Bonjour mademoiselle. Je viens refaire vos pansements. »

Elle acquiesça simplement et se recoucha. La femme entreprit de retirer les bandages sur ses bras, révélant sa peau marbrée de rouge. Elle repoussait peu à peu, comblant les trous qui s’y étaient formés. Kuon grimaça lorsqu’elle désinfecta soigneusement les plaies. Lorsque les bras furent pansés à nouveau, elle réitéra l’opération sur les jambes, puis sur le visage. Enfin elle invita sa patiente à soulever sa chemise. Cette fois-ci elle défit le pansement avec bien plus de précaution, révélant une peau grise et raidie, totalement dévitalisée. La brûlure faisait la taille d’une main environs, et couvrait son flanc juste sous la poitrine. Lorsque l’infirmière désinfecta, elle ne sentit rien.

« Il est allé où, l’homme qui était ici ? Demanda Kuon, détournant son regard de la plaie hideuse.
–  Je crois bien qu’il a été autorisé à sortir. Il ne vous a pas prévenue ?
–  Non.
–  Ce n’est peut-être pas étonnant, il a perdu la mémoire durant l’incident qui l’a conduit ici. Je ne sais pas précisément ce qui lui est arrivé, je n’étais pas là à son admission.
–  Je vois… »


Ni l’une ni l’autre n’ajoutèrent quoi que ce soit. L’infirmière termina son ouvrage, la salua, louchant au passage sur le plateau du petit déjeuner auquel Kuon n’avait pas touché. Elle le débarrassa et sortit. La jeune fille s’enfonça dans son oreiller, songeuse. Elle était un peu troublée que Suzuki ne lui ait pas dit qu’il partait, presque déçue. Elle commençait à se faire à sa présence et à ses questions intermittentes. Soupirant, elle tira la couette sur ses jambes bandées et s’enfonça un peu plus dans le matelas. La chambre lui semblait vide, trop silencieuse sans la respiration du garçon. La jeune femme hésita un instant à allumer la télé, mais en réalité ça ne l’intéressait pas. Elle devait se contenter de regarder la ville pousser plusieurs mètres en dessous d’elle.


***


On frappa deux coups sur la porte. Kuon sursauta. Elle somnolait doucement, sa tête balançant d’avant en arrière. Adossée à un gros coussin en position semi-assise, elle lisait sans grande conviction un roman policier. Constatant qu’elle n’avait pas vraiment avancé dans son histoire, car trop peu concentrée, elle replaça le marque-page à l’endroit où elle s’était arrêté à sa précédente lecture et reposa l’ouvrage sur le bord de la table de nuit.

« Entrez. »

Elle se demanda de qui il s’agissait. Elle n’avait reçu aucune visite depuis son admission, et n’en voulait aucune. Par ailleurs, les infirmières frappaient certes mais n’attendaient aucune réponse avant d’entrer. La personne en question avait attendu sagement son invitation. La porte s’ouvrit toute grande sur une silhouette filiforme et familière. Suzuki se tenait à l’entrée de son ancienne chambre.

«  Qu’est ce que tu fais ici ? Demanda-t-elle, dubitative. Je croyais que tu étais sorti. »
– Je suis venu te voir.
– Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu t’en allais ?
– Pour pas que tu pleures ?
Il rigola doucement.
– Pourquoi tu viens me voir ?
– Pour t’éviter de t’ennuyer. »


Silence. Suzuki vint s’installer sur le bord du lit. Kuon le regarda droit dans les yeux. La plupart des pansements avaient été retirés. Seuls demeuraient quelques sparadraps discrets. Son visage était encore un peu ecchymosé, mais pour la première fois elle pouvait le découvrir dans son ensemble. Il avait la peau pâle, aussi pâle que la sienne, comme la plupart des habitants d’Okeanos d’ailleurs. Ses yeux avaient la drôle de particularité d’être de couleurs différentes. L’un était gris acier, le second rouge. La jeune femme fut fascinée. C’était le plus beau regard qu’elle avait été donné de croiser. Lorsqu’il était encore hospitalisé, l’un de ses yeux avait été bandé. Il portait encore une marque violacée autour de celui-ci. Maintenant qu’elle y pensait, ça ne ressemblait pas à un accident, une chute, une collision. Ces contusions, on aurait dit qu’il s’était fait passer à tabac. Elle repensa aux paroles de l’infirmière et s’enhardit à passer le bout de ses doigts sur une joue meurtrie du jeune homme.

« Qui t’a fait ça ?
– Je ne m’en rappelle pas.
– C’est vrai alors, tu ne te souviens de rien ?
– Même pas de mon nom.
S’esclaffa-t-il. C’est toi qui poses les questions maintenant ?
Elle s’empourpra légèrement.
– Je me rend simplement compte que je ne t’ai jamais demandé comment tu étais arrivé ici.
– Je vois. Et toi alors ? Que t’est-il t’est arrivé ?
– Le laboratoire dans lequel je travaillais a explosé.
– Comment c’est possible ?


Kuon haussa les épaules et se détourna, dissimulant légèrement son visage derrière ses épais cheveux emmêlés. Depuis combien de temps ne les avait-elle pas coiffé ? Sans doute pas depuis son accident. Suzuki la dévisagea un long moment mais n’insista pas, à son grand soulagement. Elle ne parvenait pas à chasser de son esprit l’idée que si elle avait porté plus d’attention à ces messages d’erreur, si elle avait éteint la machine, ça ne serait pas arrivé.

« Tu aimes les animaux ?
– Mort, oui.
– …
– Je plaisante. J’aime bien les chiens. Dis, tu as mal ?
– Pourquoi tu demandes ça ?
– Parce que je n’aime pas quand les gens souffrent.
– Je n’ai pas mal. »


Elle acquiesça. Ils parlèrent par intermittence, mais pour une fois Kuon prit soin de répondre à ses questions, et de les lui retourner. Lorsque l’eau s’assombrit autour de la ville, il se leva et fit mine de quitter la chambre. Avant de passer la porte, il se retourna une dernière fois et lança par dessus son épaule :

« C’est quoi tes fleurs préférées ?
– Les œillets. Tu reviendras ?
– Les œillets...
– Tu reviendras ? »
Insista-t-elle. Il ne répondit pas et quitta la pièce. Elle souffla bruyamment.

Le jour suivant, Kuon attendit patiemment le retour de son visiteur. Il ne vint pas le matin, à son grand regret. L’après-midi, elle fut emmenée pour quelques heures pour subir des examens au sujet de sa brûlure la plus sévère. Lorsqu’elle regagna sa chambre, Suzuki n’y était pas bien sûr, mais un gros bouquet d’œillet, sans doute importé d’Earthea vu leur éclat bien loin de ceux qu’on trouvait dans les serres, trônait au milieu de sa table de nuit. Elle enfonça son visage dans les pétales satinés des fleurs, humant leur parfum avec délice.


***


« On va prendre l’air ?
– Où ? Tu n’as pas le droit de quitter le bâtiment tu sais.
– Il y a une sortie de service, je l’ai vu, on peut toujours essayer.

Suzuki eut un rictus.
– Si tu te fais prendre, tu vas avoir des ennuis, et moi aussi.
– Qu’importe, c’est toujours mieux que de rester ici. »


Sans attendre sa réponse, elle se jeta hors du lit et passa son bras autour de celui du jeune homme pour assurer son équilibre. Sa brûlure à l’abdomen la faisait beaucoup souffrir, elle marchait comme une petite vieille, lentement et courbée vers l’avant. Pieds nus, elle entraina son visiteur dans le couloir, croisant indifféremment les infirmières qui fronçaient les sourcils. Ils entrèrent dans un ascenseur et Suzuki appuya sur le bouton du vingt-troisième étage où se trouvait la fameuse porte. Un à un, les boutons s’allumèrent à mesure que les étages défilaient. Enfin, dans un tintement sonore, les portes s’ouvrirent en grand sur un couloir désert. Ils le longèrent jusqu’à atteindre une seconde issue, verrouillée. Kuon poussa un cri de déception en forçant en vain sur la poignée. Frustrée, elle tapa légèrement du pied et se laissa glisser le long du mur, ramenant ses genoux contre sa poitrine.

« Je voulais vraiment sortir. Gémit-elle quand Suzuki l’imitait.
– Je suppose qu’il va falloir patienter un peu.
Il glissa une main sur son épaule.
– J’ai tellement hâte de quitter cet endroit ! Je ne sais pas ce que je ferais, mais au moins je ne serais plus cloitrée ici. Silence. Elle fixa le mur devant elle avant de reprendre. Qu’est-ce que tu fais toi ?
– Je travaille.
– Vraiment ?
– Qu’est-ce que tu ferais, si tu te réveillais à l’hôpital et qu’on te disait que ta vie ne serait plus jamais la même ?
– Je travaillerais.

Il s’esclaffa.
– Qu’est ce que tu fais ? Comme travail je veux dire.
– Un truc secret.
– Dis moi. Fit-elle en se mordant la lèvre.
– Je ne peux pas te le dire, c’est secret. »


Elle souffla et enfonça son nez entre ses genoux. Lui se contenta de rire. Il avait un rire drôlement clair, et agréable à écouter. Un rire rythmé et sincère qui semblait naitre du plus profond de sa gorge, comme s’il ne le maitrisait pas. Suzuki riait souvent, surtout pour se moquer de Kuon. Il la grondait aussi parfois, parce qu’elle ne finissait jamais son plateau repas.

«  Qu’est-ce que tu vas devenir quand tu vas quitter l’hosto. Disait-il en levant les yeux au ciel.
– Rien.
– Si on te laisse livrée à toi-même tu vas dépérir.
– C’est pas gentil.
– C’est la vérité, prend un peu soin de toi.
– J’ai oublié de manger. Et puis je n’aime pas ça. En plus la nourriture est mauvaise ici.
– Je t’ai rapporté des pâtisseries de Caelestis l’autre jour, et c’est moi qui les ai mangé au final. Ne me dis pas que la nourriture est mauvaise, ça ne change rien pour toi.
– Peut-être.
»

Tête de mule.


***


Cependant, il fallait bien qu’un jour, Kuon quitte l’hôpital. Et quand on lui annonça que ce jour, c’était le lendemain, une vague de panique la saisit. Elle n’avait nul part où aller, pas de travail, à peine une tenue de rechange et son salaire du mois dernier envoyé à l’hôpital quelque jour auparavant. Toute la journée précédant son départ, elle attendit Suzuki. Il ne vint pas. Pour la première fois depuis longtemps, elle souffrit de cette solitude. Elle se sentit abandonnée à elle-même, paralysée par la terreur de se retrouver seule à la rue la nuit suivante. Au petit matin on lui changea une dernière fois ses pansements. Son médecin lui délivra les dernières recommandations, et enfin elle fut inviter à prendre ses affaires et à quitter l’établissement. Le cœur serré, elle était anxieuse à l’idée de sortir de cet univers aseptisé pour replonger dans le monde réel, le monde qui hurle sous les étages du bulding.

Il l’attendait devant l’entrée, adossée à un mur. Lorsqu’elle sortit de l’hôpital, Suzuki lui adressa un petit signe de la main.

« Tu n’es pas venu hier. Déclara Kuon, feignant l’agacement. En réalité elle était si soulagée que ses jambes en tremblait.
– Je viens te chercher à ta sortie, et tu boudes ?
– …
– Tiens, c’est pour toi. »

Il lui tendit un œillet. Elle huma la fleur comme à chaque fois, le remerciant du regard, avant de la glisser dans le trou normalement dédié au bouton de sa veste. Suzuki la contempla tandis qu’elle manipulait la tige pour ne pas la casser. Enfin il inspira et reprit.
«  Tu n’as toujours nul par où aller ?
Kuon secoua la tête.
– Est-ce que tu veux venir chez moi ? J’ai peut-être du travail à te proposer aussi.
– Quel genre de travail ?
– C’est toujours un secret. Je ne peux rien te dire avant que tu n’ais rencontré mon patron.
– Je peux vraiment ?
– Quoi donc ?
– Rester avec toi.
– Eh bien… je suppose que tu es la personne que je connais le mieux depuis mon accident. Et toi tu es toute seule. Alors autant s’entraider.
– Je cuisine mal.
– Et ?
– Je ne sais pas faire une lessive.
– Moi non plus.
– Le ménage, c’est pas mon truc.
– Je le ferais.
– Je suis-
– Ne te prend pas la tête, je ne me souviens même pas comment cuire un œuf.
Soupira Suzuki en ébouriffant ses cheveux. Viens. On y va. »

Kuon est une enfant calme et torturée. Elle se punira éternellement moralement pour les erreurs qu’elle commet. Il faut dire que celle dont elle se rend coupable a causer la mort de quatre personnes. C’est sans doute un peu pour ça qu’elle s’est engagée dans la police, pour se donner une deuxième chance et regagner un peu d’estime pour elle-même. C’est une jeune femme loyale envers sa nation et sa proche. Suzuki est la personne la plus importante à ses yeux. Elle est pieuse et croit très fort en son Dieu. Kuon est une ombre. Discrète et silencieuse, elle s’insinue partout, parle peu et économise ses mots. Elle est sincèrement passionnée par son travail. Cela vient en partie du fait qu’elle a toujours dévoré des polars depuis l’enfance, alors se retrouver dans la peau de ses héros l’inspire, la rend fière. Elle veut tenir son rang, faire de son mieux et protéger Okeanos.


Kuon est dépendante d’une autorité. Eparpillée, désorganisée, elle a besoin d’être cadrée pour ne pas déborder. Jamais rien n’est rangé, elle se néglige, oublie de manger, de se coiffer... Elle est féministe mais pas féminine pour un sou. On la verra souvent en tailleur et pantalon noir, parce qu’elle trouve cette tenue sobre et qu’elle déteste l’extravagance. Elle a une sainte horreur des jupes. En revanche, Kuon est farouchement révoltée par les insinuations relatives à son sexe. Elle considère qu’elle vaut autant qu’un homme sur le terrain, a appris à manier une arme et à se battre. Bien sûr, son petit gabarie ne l’aide pas, mais elle est déterminée à prouver sa valeur et sa force et a développé seule sa technique pour s’en sortir face à divers adversaires.



Elle est extrêmement exigeante avec elle-même comme avec les autres au travail, contrastant avec son attitude désinvolte dans sa vie personnelle. C’est une grande maladroite, et elle en a conscience. L’agent Grenadine compte sur ses partenaires pour l’empêcher de faire des erreurs. C’est une femme jalouse et possessive, qui a besoin d’attention et d’en donner. En revanche elle a du mal à s’attacher aux gens. En fait, elle a toujours la sensation de ne rien éprouver, elle n’a pas connaissance de ses propres émotions, et manque profondément d’empathie. Elle méprise ouvertement les autres nations qu’Okeanos, et se montrera cruelle avec tout étranger, particulièrement si elle doit avoir à l’interpeler. Son sens aigu de la justice la pousse à condamner tout crime quelqu’il soit, pour le bien de la nation.



C’est une grande stressée. Anxieuse, elle perd tous ses moyens et c’est la catastrophe. Kuon a besoin qu’on la rassure en permanence et qu’on lui assure qu’elle fait les choses bien comme il faut. Elle déteste échouer et a peut-être un peu trop de fierté. Sa patrie est sa faiblesse, surtout aux jeux. Elle ne supporte pas de perdre face à des étrangers.



Elle est réputée pour avoir beaucoup de flair. Kuon suit son instinct, et il est étonnamment efficace. Sa grande mémoire et sa capacité de déduction l’aide à être efficiente au travail. Elle a un fort penchant pour l’alcool et le tient très mal. Il n’est pas rare de la retrouver ivre dans la rue à se promener sans savoir où elle habite. Si vous lui demandez ce qu’elle a bu, elle vous répondra que ce n’était rien que de la grenadine à l’eau, en titubant bien sûr !




Bonjouur les nebuloves. 8D
C'est moi, Eden, oui le DC d'Eden ! :lovie: Je suis tellement heureuse de pouvoir enfin faire ce personnage, depuis le temps que je prévois des trucs pour elle. ** D'ailleurs si vous voulez des liens, ma boite MP est grande ouvert alors GO GO GO. Je vous aiiiiiiiime. ♥
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shimasukaaaaaaaaaaaaaa
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